
Ne pourrait-on, ne
devrait-on lire qu'un seul texte de
Sade, c'est incontestablement La Philosophie dans le boudoir qu'il faudrait choisir. En premier lieu, a écrit André
Pieyre de
Mandiargues, parce qu'il me semble que celui-là est aussi superbement que joliment rédigé. Et c'est vrai. Il règne d'un bout à l'autre de ce livre un bonheur d'expression, une allégresse, un humour (quelquefois assez noir, mais c'est
Sade, dont les audaces extrêmes ne se lisent pas comme La Semaine de
Suzette !), capables de plonger le lecteur dans une jouissance pareille à celle qui, manifestement, a transporté l'auteur pendant qu'il l'écrivait. Mais aussi, cette Philosophie dans le boudoir présente la particularité de concentrer en un seul volume ce que
Sade a produit de plus brillant, en même temps que de plus profond. Jamais son étonnante "façon de penser" ne s'est exprimée plus nettement, plus hautement. Lecture brûlante ? "Je ne m'adresse qu'à des gens capables de m'entendre,
écrit-il, et ceux-là me liront sans danger" .
Parution : 1997
Commentaire Malka : Sade nous livre là un étonnant mélange philosophique et érotique, le tout parfaitement bien écrit. L'idéologie de l'apologie du plaisir inclut de la négation de toute morale ce qui la rend parfaitement cohérente mais aussi subversive et écoeurante, car torture, meurtre et inceste sont ainsi légitimés. La partie érotique est un régal d'imagination et de fraîcheur avec un festival de débauche entre hommes et femmes et entre eux, sous prétexte d'initiation d'une jeune fille curieuse et avide de plaisirs coquins. Sauf à la fin, il y a relativement peu de cruauté dans ce récit.