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vendredi 18 mars 2011

L'argent , Emile Zola

Pénétrer la Bourse, cette «caverne mystérieuse et béante, où se passent des choses auxquelles personne ne comprend rien» : tel est l'un des buts que se donne zola en écrivant L'Argent (1891). Spéculation, fraude, liquidation, krach : l'épopée de la Banque universelle fondée par Saccard pourrait être l'histoire d'une grosse machine lente à s'ébranler puis formidable dans sa destruction, conduite par un poète du million qui la chauffe jusqu'à la faire éclater. Mais ici, l'argent ne se résume pas à la folie du gain. Du jeune Sigismond, disciple de Marx, à la princesse d'Orviedo, figure de la charité, le romancier esquisse une multitude de rapports à l'argent. Et fait apparaître celui-ci, au bout du compte, comme une incroyable force de vie : «Je ne suis pas de ceux qui déblatèrent contre l'argent, écrivait Zola. Je pars du principe que l'argent bien employé est profitable à l'humanité tout entière.»


Commentaire Malka :



Ductile, malléable, levier neutre et puissant de toutes les intentions humaines, l'argent présente des aspects ambigus qui animent et différencient les personnages du roman. Il y a ceux, d'abord, pour qui l'argent est mauvais par principe, comme le frère de l'usurier pour qui "toutes nos crises, toute notre anarchie viennent de là [...]. Il faut tuer, tuer l'argent". Mais il y a surtout ceux qui le gèrent et s'en nourrissent, dans la grande jungle financière de la Bourse: Gundermann, milliardaire, dyspeptique et Juif (même si cette donnée "rapetisse" tout, selon Zola), joue froidement la logique financière, tandis que Saccard, jouisseur ambitieux, "capitaine aventurier", spécule, gagne et perd à l'excès.
Sur le plan d'une morale économique simple, ce jeu est dangereux parce qu'il est illusoire, par opposition à l'argent sain du travail et de l'épargne. Saccard ruinera ceux qui lui ont fait confiance et l'on pourrait en ce sens le considérer comme un escroc. Mais, d'un autre côté, il est aussi un idéaliste qui sauve la mise d'un jeune écrivain et lance ses clients dans des rêves de colonisation de l'Orient catholique! Tout ce progrès par l'argent, Saccard finit par y croire en s'intoxiquant des illusions qu'il diffuse.
L'argent prend alors une dimension mythique, à la fois complexe et structurante. À un premier niveau, il est le symptôme des réussites et des échecs, sous forme de bénéfices et de dettes. Il est aussi l'instrument de l'action, de l'entrepreneur qui en fait le nerf de sa guerre. Mais il est encore, au-delà, le symbole de l'échange organique et social de la cité, des commerces qui s'y lient, avec leurs malheurs et leurs miracles. Le récit, par exemple, est rythmé par les soubresauts du cours de l'Universelle, qui sont bien entendu le signe clair de la force de Saccard et de ce qui lui reste d'énergie vitale. Pour ce "poète du million", il n'y a que "le jeu qui, du soir au lendemain, donne d'un coup le bien-être, le luxe, la vie large, la vie tout entière". Au fond, Saccard est l'agent d'un renouvellement fécond qui passe par la vente et l'achat, le gain et la perte, la vie et la mort: "Sans l'amour, pas d'enfants, sans la spéculation, pas d'affaires", écrit Zola dans son Ébauche.