Passionné (e) de lecture !!!!! Vous êtes fan de lectures fantastiques , d'histoires vraies et de documents, alors mon blog vous sera utile et pratique pour trouver de très bons livres. Bonne lecture. Amicalement, Malka.


mercredi 15 avril 2009

J'avais douze ans - Nathalie SCHWEIGHOFFER

"Qu'est-ce qui m'arrive ? Il est là dans son peignoir marron, debout devant mon lit, l'air bizarre, le regard dur, froid, comme si j'avais fait quelque chose de mal. J'ai rien fait de mal aujourd'hui. Pourquoi j'ai peur ? Je recule contre le mur, je m'y écrase, je tire le drap sur moi. Je devrais sûrement foutre le camp, me barrer, mais il y a le mur derrière et mon père devant... "

Ainsi commence le récit marquant de Nathalie qui entraîne le lecteur dans un gouffre d'effroi et de révolte envers ce monstre qui, durant cinq années va violer, battre et humilier sa fille par des actes sadiques et terrifiants. Le but n'étant évidemment pas d'étaler les détails de ces crimes, mais bien d'aider les victimes à briser le silence.

Dès le début l'atmosphère pesante du livre nous cerne la gorge et c'est dans l'horreur que nous découvrons à travers ses mots, son vécu, l'histoire d'une petite fille qui rêvait, qui jouait au tennis avec son ami Frank, qui aimait encore la vie. Tout ceci brisé par des interrogatoires pervers, des attouchements dans un recoin sombre d'une chambre d'enfant, des coups avec une ceinture... L'évolution d'une Nathalie encore fière de son père puis d'une Nathalie le haïssant. Le renfermement total de cette adolescente criant intérieurement toute sa souffrance, sa haine, son cauchemar qu'on à l'impression de le vivre à chaque page. Puis vint la monté de la perversion, de la honte, la peur d'entendre la porte de la chambre s'ouvrir pour subir indéfiniment les mêmes monstruosités. Retracé ici dans un style sec qui ne peut que bouleverser. La lecture devient alors presque insoutenable car en l'espace d'un instant, c'est nous qui endurons la violence, c'est nous qui souffrons en silence : c'est nous qui sommes victimes. Ce "père" poussé à un sadisme extrême va détruire la vie de Nathalie et de sa famille dans une longue et douloureuse torture que nous découvrons à chaque ligne les larmes aux yeux, la rage au ventre en ce demandant pourquoi. Pourquoi n'a t-elle rien dit ? Sûrement à cause de la peur des coups, des viols et surtout de la honte. Cette culpabilité grandissante du fait qu'à douze ans, elle n'a pas su se défendre face aux provocations et chantages de ce père abjecte et autoritaire. Que face à la pression et la violence des flagellations, elle n'a pas su l'arrêter dans sa folie... Le tuer, voilà ce qu'elle voulait. Prendre un couteau, n'importe lequel et l'entendre hurler. Souffrir comme elle avait souffert et souffre encore : se venger jusqu'à se libérer de ses chaînes. Mais le secret si longtemps gardé va finir par éclater et c'est ainsi que Nathalie Schweighoffer termine cet ouvrage avec une force et un courage exceptionnel.


Parution : 1989

Commentaire Malka : C'est avec beaucoup d'émotion et de tristesse. Quelle horreur et quel courage d'avoir pu raconter le combat qu'elle a dû mener quotidiennement. Pour ce qui est de la justice, elle devrait enfermer les gens comme son père pour le reste de leur vie. Pour ce qui est de Nathalie, le combat continue, car il ne suffit pas seulement de tout raconter. Certes, c'est un grand pas vers la guérison, mais il faudra qu'elle continue à faire face à ses cauchemars, à ses blessures, à ses souvenirs malheureux.