Voilà un million d'années que l'homme s'est mis debout sur la terre et voilà dix mille ans qu'il sait la cultiver. Or, elle tourne depuis cinq milliard d'années, et tournera encore pendant dix mille milliards d'années (probablement). Dis mille ans dans dix mille milliards, telle est notre histoire. L'homme est encore au berceau. Mais qu'a-t-il fait, pendant ces dis mille ans, pour devenir un homme, véritablement un homme ? Des actions héroïques, et plus souvent, hélas ! , des actes de sauvagerie. Notre histoire est l'histoire des occasions manquées, des chefs-d'oeuvre massacrés, c'est le perpétuel combat de l'esprit contre la barbarie, c'est l'histoire d'un progrès quand même.L'histoire du monde ne saurait se résumer en une page (ni en vingt). Le lecteur verra naître les premières cités dans les vallées fertiles de l'Indus, de la Mésopotamie et du Nil. Il verra construire les Pyramides et les tours de Babel, il verra les marchands de Babylone s'enrichir et des Pharaons socialistes ouvrir aux fellahs les portes de l'éternité et les barbares ruiner l'édifice. Il verra de délicieuses Crétoises enlevées par d'autres Barbares, et les colonnes de Karnak jetées bas par d'autres Barbares encore. Il verra les Chinois raffiner sur un ravissant savoir-vivre, le Bouddha offrir le néant en récompense de l'amour, et les grecs dresser l'homme, face aux dieux, seul, debout sur son rocher pelé. E lorsque ces démocrates de village auront vaincu le Roi des Rois, ce sera le fulgurant miracle grec ....Point de Barbares, alors : les Grecs sont si brillants qu'ils ruinent eux-mêmes, et Alexandre colporte jusqu'à l'Indus un miracle mort-né, pas si mort, toutefois, que Rome n'en soit fécondée. L'histoire de la grandeur et de la décadence des Romains propose un saisissant parallèle avec celle de l'empire des Han en Chine, mieux : avec l'histoire d'aujourd'hui en Occident. Serait-ce que les empires naissent, fleurissent et meurent selon des lois immuables ?
Les Barbares détruisent toujours les civilisations, mais les responsables sont les civilisations qui ne croient plus en elles-mêmes.
Au IVè siècle, Rome, la Chine, L'Inde s'écroulent sous le poids des Barbares et de leur propre décadence. Un monde finit, un monde commence. L'homme antique, l'animal vertical, quitte le théâtre que va brûler le feu de Dieu avant que l'homme ne se précipite dans le grand tournant atomique du monde où nous vivons.
Commentaire Malka : Il faut aimer l'histoire.